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Joseph Péladan

Peladan

Joseph Péladan, dit Joséphin , est. né à Lyon le 28 mars 1859 et décéda à Neuilly-sur-Seine, le 27 juin 1918. Issu d'un milieu catholique, traditionaliste et rosicrucien, il fut initié à l'occultisme par son frère Adrien, plus âgé de 14 ans. Adrien était médecin-osthéopathe et affilié à une confrérie Rose-Croix...



Traitement héroique de la Gravelle par Adrien Peladan.

Joséphin Péladan s'intéresse autant à l'art qu'aux arcanes des sciences maudites. La complicité qui unissait les deux frères, fut interrompue de façon tragique quand Adrien mourut d’un épisode tragique de la distribution des médicaments.homéopathiques .

« Peladan avale une trituration de Strychine en 1° décimale pour l’essayer devant un malade et décède immédiatement ». Dès l’age de 12 ans, Joséphin et sa famille quittent Lyon pour Avignon ; Il sera alors placé sous la responsabilité de Jésuites qui seront chargés de l’éduquer., ensuite il partira pour Nîmes.

En 1881, Joséphin Péladan décide de partir pour Paris et y rencontrera Léon Bloy, qui lui demandera alors d’écrire un article pour le journal du « Chat noir ». C’est ainsi qu’il rédige « Le Grand Œuvre d’après Léonard. » Dés la sortie de son premier livre « Le Vice Suprême », parut en 1882,, il devint célèbre.

Peladan

Peladan en compagnie d'Alexandru Bogdan-Pitesti.

Il se donna lui-même le titre de Sar Merodack, hérité d’après lui, d’un ancêtre qui était roi babylonien.

On ne peut parler de Peladan sans penser Léonard de Vinci, dont il était fasciné,; l’un de ses premiers articles fût dédié au Maître : « Le Grand Œuvre d’après Léonard ou encore La dernière leçon de Léonard de Vinci« (Sansot, 1904).

Plus tard il fit publier sa( Description de 14 manuscrits de Léonard de Vinci) de l’Institut de France. Un an plus tard il fit publier chez Alcan ,« La philosophie de Léonard de Vinci d’après ses manuscrits ».

Il finira enfin par traduire le Traité de peinture et le Traité du paysage (ces deux textes furent tirés du Codex vaticanus) (Urbinas) 1270 « Je n’envisage que le philosophe des premières années du seizième siècle, qui écarta à la fois la révélation et la scolastique et, se plaçant en face de la nature, poussa l’observation jusqu’à la promulgation de la méthode expérimentale. On ne connaît que depuis une vingtaine d’années quelle place Léonard occupe dans l’histoire des sciences. Malgré que Geoffroy Tory l’ait appelé, un véritable Archimède et Lomazzo « Hermes-Prométhée » ; que Humboldt ait vu en lui le plus grand physicien du quinzième.

Galilée, Pascal, Huyghens, Cuvier ont découvert les lois que le peintre de la Joconde avait formulées de 1480 à 1518 et qui sont restées ensevelies dans ses manuscrits. D’autres, plus compétents, revendiqueront pour ce Maître la priorité de cent découvertes capitales et des plus ingénieuses machines : je me propose de lui tresser ici une troisième couronne, en coordonnant ses idées générales dispersées en ses nombreux cahiers, et de le montrer comme philosophe. »(Peladan)

Figure pittoresque de l’époque symboliste ; néo-catholique et mystique, excentrique au point de se présenter le plus souvent en tenue baroque, il devint très vite un personnage médiatisé, les journalistes le courtisaient, mais souvent, on ne retenait de lui que ses propos outranciers et ses innombrables querelles. En 1888, Péladan est le co-fondateur avec Stanislas de Guaïta de l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, on peut également découvrir dans cet ordre, Papus, Erik Satie et Claude Debussy.

Le 14 Mai 1890, le Sar Péladan lança des manifestes épiscopaux (acta syncelli) sur les Arts, les courses de taureau et l'excommunication de l'épouse Rotschild pour crime de sacrilège et iconoclastie. Il fit scandale, car il nomma la R+C, parla en son nom dans un langage outrancier, citant un tribunal vehmique, au nom de toutes les religions, ad crucem per Rosam. Surtout ses amis craignirent des assimilations douteuses avec la Rose Croix authentique. Il y eut rupture, la première cause est l'opposition entre le catholicisme farouche de Péladan et l'œcuménisme de Stanislas de Guaita. La séparation est officialisée en juin 1890, dans l'initiation, le journal de Papus. Péladan, devenu Sâr Mérodack Péladan, reconnaît l'intérêt du travail commun des membres de cet ordre pour renforcer le courant hermétique. Mais il met en avant son caractère absolutiste de catholique romain, en opposition à l'éclectisme de ses pairs qui s'intéressent également au bouddhisme et au spiritisme. Il déclare alors désirer simplement détacher de la Rose-Croix un tiers-ordre intellectuel pour les Romains, les Artistes et les femmes

Egalement en représailles, le Sar Péladan rompit définitivement en se proclamant Grand Maître et Hiérarque suprême du Tiers Ordre de la Rose Croix Catholique ; il promut ainsi la Rose Croix du Temple et du Graal. Il se dissocia du premier mouvement. Un mandement, adressé à Papus, paraîtra dans la revue l'Initiation (n° 8 Mai 1891) daté du 17 février 1891 où Péladan déclare : « ...je me consacre tout entier à ma Rose-Croix catholique ».

Il inaugure le 17 Mars 1892 les salons de la Rose Croix et les soirées de la Galerie Durand-Ruel. En 1893, les salons eurent lieu au Palais du Champ de Mars.

Stanislas et Papus pendant ce temps oeuvraient au sein de l'Ordre Kabbalistique de la Rose Croix. Leur Ordre délivrait trois degrés, sanctionnés par des examens, épreuves orales en soutenant des thèses contrôlées et publiées, pour obtenir le titre de Docteur en Kabbale. Il convenait également d'obtenir les trois degrés martinistes. Cette guerre déclarée entre les deux Ordres, fut nommée, la Guerre de Deux Roses. Les communiqués et déclarations se succèdent dont la revue l'Initiation se fait l'écho, par des mises au point, des comparaisons. En Août 1891, la revue publie un supplément considérant que Péladan a créé une secte schismatique. Péladan malgré ses qualités sera considéré comme un bon fumiste.

Barlet, en avril 1892 dans l'Initiation, résume et critique l'ouvrage de Péladan « Comment on devient mage » tout en déclarant que cette oeuvre est excellente à la culture psychique. « La magie de Peladan est la magie de l'art. Mais, pas plus qu'aucun de nous, Peladan n'est un mage et c'est avec joie que nous le proclamons tous, même en science occulte, un grand artiste ». Dans la même revue paraît un extrait du règlement de l'Ordre Kabbalistique.

Le 24 Mars 1893, le suprême Conseil de la Rose Croix, avec les signatures de Stanislas de Guaïta, Barlet et Papus, condamnait Péladan comme usurpateur, schismatique et apostat, le dénonçant lui et sa prétendue Rose Croix catholique au tribunal de l'opinion publique.

Le XIXe siècle est aussi celui du réveil des Occultistes, qui veulent restaurer la sagesse du passé, voire même, comme Papus, en faire une science à l'égal de celles qu'on enseigne dans les universités. Joséphin Péladan se situe à la charnière des mouvements symbolistes et occultistes. Artiste, il se place dans la mouvance des symbolistes et, occultiste, il se présente comme un initié de la Rose-Croix.

L'époque où les salons rosicruciens ouvrent leurs portes est en pleine effervescence artistique. Nous sommes au coeur de ce que l'on appelle dans l'histoire de l'art le Symbolisme. Les peintres de cette mouvance veulent devenir les mystiques de l'art. Ils s'opposent au réalisme académique, et sous leur impulsion, beaucoup de salons privés se tiennent en marge des manifestations officielles. Les Salons de la Rose-Croix furent parmi les plus prestigieux d'entre eux. Le Sâr Péladan, à l'image de John Ruskin pour les Préraphaélites anglais, se donne le rôle de mentor des peintres symbolistes. Il veut ruiner le réalisme et réformer le goût latin en créant un mouvement d'art idéaliste.

En 1892, il organise le premier Salon de la Rose-Croix à la célèbre galerie parisienne Durand-Ruel. Soixante artistes français et étrangers y exposent leurs œuvres que 22 000 visiteurs viennent admirer au son du prélude de Parsifal. En effet, Joséphin Péladan se passionne pour la musique de Richard Wagner qui constitue, à ses yeux, « une thérapeutique pour désintoxiquer la France de son matérialisme ». Il y aura au total six Salons de la Rose-Croix. Le dernier est organisé en 1897, dans la galerie Georges-Petit. Après celui-ci, Joséphin Péladan décide la mise en sommeil de son ordre : « Je rends les armes. La formule d’art que j’ai défendue est maintenant admise partout, et pourquoi se souviendrait-on du guide qui a montré le gué, puisque le fleuve est passé. »

Il ne changera pas sa vision du monde jusqu’à sa mort, survenue suite à une intoxication alimentaire s’étant transformée en septicémie. Sa seconde femme Christine Taylor donna ses papiers à la Bibliothèque de l’Arsenal en 1936 : manuscrits autographes de romans, essais, articles, ouvrages sur l’art, le théâtre, l’esthétique, les salons, critique dramatique, coupures de presse sur Péladan et ses activités romanesques, occultistes, théâtrales et esthétiques. Ce don comporte aussi des portraits peints, des sculptures dont un buste en terre cuite par Zacharie Astruc, une abondante iconographie, des photographies, et des livres imprimés.

" Les émotions du livre, les émotions du Louvre, les émotions de Bayreuth, jusqu’à l’extase " : tel fut le programme de Joséphin Péladan, dont la bibliographie spectaculaire propose parmi une centaine de titres une "éthopée" érotico-idéaliste en vingt-et-un romans, plusieurs tragédies sacrées, des traités de théocratie, d’ésotérisme chrétien, de stratégie amoureuse et même une "méthode pratique d’automagnification". Jamais, chez lui, rien de maîtrisé : toujours une marée de "spermatorrhées d’idéal" dont les pages disparates, de son propre aveu, ne tiennent au livre "que par le brochage" ; mais jamais, non plus, un livre sans un chapitre d’une densité et d’un souffle réels, avec au fond un humour spécial, inattendu, la griffe de l’auteur laissée avec une grâce qui ressemble à du génie.(C. Beaufils)

Petite bibliographie :

Rédaction et recherches : Elisandre


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